Darius

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Ces vidéos faites dans les expositions ou dans l’atelier, montrent un aperçu de mon travail et invitent au vagabondage que peut susciter une déambulation dans mes installations.
Certaines ont été faites avec l’intention d’embarquer le spectateur dans l’univers onirique et mystérieux du mouvement et de l’encre.


Réalisation de la grande vélaire

Cette vidéo est une captation des 5 premières minutes (moins de 15 au total) de la réalisation de la grande vélaire (50m de long) le 19 février 2019 dans l’église Saint-Nicolas à Caen.

réalisation de la grande vélaire dans l’église St-Nicolas à Caen, février 2019.

Les fosses d’enfer à St-Rémy

Bien que n’étant pas présent pendant les périodes d’ouverture de l’exposition, j’ai pu discuter avec des visiteurs lors du vernissage, lors des visites des élèves de maternelle de l’école de Saint-Rémy-sur-Orne, pendant les trois gardes que j’ai fait et lors de nombreux rendez-vous ponctuels. Plus de mille deux cents visiteurs ont pu voir l’exposition.
Nicolas Meterreau, l’architecte qui a restructuré les locaux, n’avait pas vu l’exposition avant le vernissage. Il était passé en coup de vent lors de l’installation et préférait garder la surprise. Lors du vernissage il m’a dit toute sa satisfaction et son grand étonnement de voir son bâtiment vivre avec la lumière, la mise en espace, les volumes… autant de caractéristiques qui traduisent la réussite de son projet architectural. Il m’a franchement remercié pour l’exposition qui a su mettre en valeur les traits principaux de son projet.
Beaucoup de personnes m’ont témoigné de l’effet positif et inattendu de l’exposition sur eux. Les enfants étaient ravis de se promener dans l’expo, avec une mention spéciale pour « La forêt ».
Pour ceux qui avaient vu l’exposition du Sépulcre, un sentiment de nouveauté dans une continuité évidente revient souvent. L’espace, bien que plus resserré, offre un grand volume avec un plafond relativement bas et des murs tout blanc. Nous avons déstructuré cet espace, tout en créant des lieux cachés dans une grande proximité avec les encres, rendant la déambulation plus intime. Cet effet est renforcé par une grande homogénéité des travaux exposés, l’ensemble ayant été fait entre janvier et avril 2018 avec le même outil.
Au départ nous voulions inverser la vidéo afin de donner l’illusion de peindre la lumière. Finalement cette idée a été abandonnée, le dispositif approchant cet effet sans aucun trucage.
Depuis la dernière exposition j’éprouvais l’envie de retravailler le geste guidé par la morphologie en mouvement de mon corps. Tout mon travail depuis début 2018 explore cette voie. Lorsque je me suis retrouvé dans l’exposition avec les enfants de maternelle, je leur disais qu’ils devaient s’imaginer faisant dans les airs de grands moulinets avec leurs bras tout en se déplaçant dans l’espace. Dans mon travail, l’encre fixe ces trajectoires sur du papier.
L’effet de surprise fonctionne très souvent chez le spectateur qui découvre pour la première fois mon travail. Cela peut s’expliquer en partie par la légèreté du papier flottant, sa transparence qui ouvre sur autre chose (suggestion) sans trop le dévoiler, et stimule l’imaginaire voire une forme de recueillement intime.
La vidéo, sortant de la pénombre du fond de la salle, intrigue ; le trait lumineux au centre de la forêt aussi. La proximité avec les installations, renforcée par la vidéo, donnent la sensation d’être très proche des encres, et de leur processus de gestation. Notre objectif était de montrer la réalisation d’une encre (le geste et sa dynamique), c’est-à-dire l’apparition d’une forme, sans me voir, ni même l’atelier. En dehors des coupes d’installation et d’arrêts du dispositif de filmage, la vidéo est brute de décoffrage en une seule prise de treize minutes représentant un seul geste continu. Jean-Yves a eu l’idée de faire vingt arrêts sur image en figeant le mouvement pendant cinq secondes, là où une encre aurait pu apparaître si j’avais travaillé sur du papier et non du verre.
Cette vidéo est emblématique de tout le travail réalisé pour cette exposition, mais au-delà de celà de tout mon travail d’encrier.
J’ai volontairement fait une séquence ininterrompue qui dura treize minutes, sans pause, juste des modulations dans la vitesse d’exécution, dans l’ampleur des gestes et dans leur enchaînement. J’aurais pu continuer presque sans fin.
Quand je travaille l’encre je ne fais pas une encre mais des séries. Un geste n’existe que par son inclusion dans une suite de gestes qui lui donne un sens. Chaque encre devient autonome tout en s’inscrivant dans une multitude génératrice me conduisant dans un état que j’aime qualifier « d’hors sol ». Une encre seule, même intéressante, n’est rien d’autre qu’un accident sans grand intérêt. Celles qui m’intéressentsont celles qui sont singulières, c’est-à-dire qui s’inscrivent dans ce que j’appelle une singularité.
C’est un processus générateur basé sur un principe de répétition différencié et temporellement close. La répétition autorise l’exploration d’un ou de plusieurs espaces des possibles, à condition qu’elle soit différenciée aussi bien dans l’espace (en évitant de se cloner, ce que je qualifierais de « répétition immobile ») que dans un temps suffisamment rapproché (temporellement clos). Dans ces conditions la mémoire du corps peut oublier tout ou presque, car elle se souvient très bien des derniers gestes réalisés. C’est une forme d’auto-référence émancipatrice.


La vidéo illustre assez justement ce principe, la grande encre de vingt-quatre mètres aussi.
La continuité du geste, sans aucune interruption, représente l’exploration des possibles autour d’un geste sans cesse reproduit dans d’infimes variations, des moments de rupture, des cycles et des formes émergentes. Contrairement à ce qui se passe généralement dans l’atelier, où chaque geste inscrit sa trace sur une nouvelle feuille de papier, ici le support reste inchangé comme un palimpseste unique et infini. Chaque arrêt sur image, présenté dans les pages qui suivent, fixe un moment du processus générateur où l’on voit apparaître une encre, une trace à la fois autonome et dépendante des gestes précédents.
Cette expérience confère une fluidité maximale dans la réalisation du processus, écartant toute interprétation de ce qui vient d’être fait dans une réflexion rationnelle de ce qui va être fait. Ce n’est plus la rationalité qui est au commande, mais les sensations du corps, fussent-elles cognitives. La réalisation de la grande encre de vingt-quatre mètres en quatre tronçons de six mètres, opère du même principe mais avec une fluidité moins grande. En effet, pour des questions matérielles (dimensions de l’atelier), il a fallu attendre le séchage de chaque tronçon avant de passer au suivant, ouvrant la porte à une rationalité perturbatrice. Cette perturbation n’a eu que peu d’impact sur le résultat final, dans la mesure où chaque tronçon fait était enroulé lors de la réalisation du suivant (toujours pour des contraintes matérielles de l’atelier) et donc non visible.
Ce processus me semble transposable à la vie. Que sommes-nous si ce n’est des êtres soumis à un processus continu et évolutif duquel émergent de temps à autres, des moments marquants, des formes singulières qui nous caractérisent en tant que personnalité unique.
La vidéo montre cela, un processus continu et évolutif, un geste matriciel avec des arrêts sur image choisis au montage, comme des encres qui auraient pu être « tracées ». Mon travail d’encrier est, d’un certain point de vue, une métaphore de ce que nous sommes et de ce que nous offrons de nous aux autres dans notre rapport au monde. Chacun interprète à sa façon le processus qui lui fait face en définissant lui-même les points saillants qui l’intéressent.
L’encre choisie est une encre grasse réhaussée d’huile d’œillette, autorisant une manipulation fluide et « sans fin », ou presque, celle de la fatigue du poignet. Cette fatigue renvoie au labeur d’une vie de recherche et d’exploration, le processus des processus, creuset de nouvelles formes répétées à l’envi, machine à singularités.
Il faut toujours évoquer humblement le rôle du hasard, celui que l’on convoque. Les contours de l’idée de la vidéo étaient relativement précis dans ma tête, sa réalisation nettement moins. J’ai déjà eu l’occasion d’écrire qu’un atelier est un chaudron extraordinaire et puissant duquel sortent des choses insoupçonnées. C’est le lieu d’une alchimie féconde qui dépasse ou réveille l’imagination, une machine à étonnements.
J’ai placé mon smartphone, en mode vidéo, à l’intérieur de l’un des deux bancs de reproduction de mon atelier, là où se fixe normalement un objectif. Je l’ai mis en mode selfie face visible à travers la vitre, me permettant d’avoir un retour en direct par l’image sur le geste que j’allais faire. C’est une sorte de matérialisation du troisième œil cher à Gao Xingjian qu’il décrit dans son livre « de la création » (éd. du Seuil, 2013).
La vitre et le mélange gras ont permis une très grande souplesse du geste et rendu le mouvement totalement libre. Placé sous la verrière de l’atelier, le déplacement de l’encre faisait apparaître et disparaître dans l’objectif, la lumière, rejoignant ainsi notre idée de départ avec Jean-Yves et Antoine, de montrer l’encre comme faiseuse de lumière. Travaillant avec une spatule métallique, l’angle de cette dernière sur le verre modulait de façon très significative l’intensité de la lumière envoyée sur la cellule du téléphone, me donnant un degré de liberté supplémentaire dans le dispositif. Suivant ce fameux angle de la spatule on pouvait même voir dans l’image, le reflet du téléphone en train de filmer et donc l’image de l’image… Les apparitions furtives et erratiques (en forme et en intensité) de la vidéo dans la vidéo, renforce le mystère de la création. Loin d’être didactique, cette vidéo fascine et me fascine dans sa capacité à rendre compte avec justesse de ce que je ressens dans l’atelier quand j’encre.

Regnéville, le 17 juillet 2018.

Extrait court ( https://youtu.be/YcIIW7-y9Tw) d’une vidéo présentée dans l’exposition de St-Rémy-Sur-Orne aux « Fosses d’Enfer ». La vidéo intégrale fait presque 13 minutes. Elle plonge le spectateur dans un geste sans cesse répété et pourtant renouvelé, explorant les méandres de l’apparition/disparition de la lumière par le truchement de l’encre. L’encre utilisée est de l’encre grasse (imprimerie) déposée sur une plaque de verre.


Sépulcre à Caen

J’ai réalisé les deux vidéos suivantes (https://youtu.be/NFE4pD14HjE, https://youtu.be/GJQ72Zn_yRA) dans l’exposition au Sépulcre à Caen en avril 2017. Elles illustrent le mouvement et la transparence d’une installation dans l’église, que j’ai appelé « la forêt ».

église du Sépulcre à Caen, 2017.

Japon et Vieux-St-Sauveur à Caen

La vidéo suivante (http://youtu.be/RvIDRGCkdx8) a été prise à l’occasion de l’exposition « Caen – Tokyo, un pont d’encre », Église du Vieux-St-Sauveur à Caen, octobre 2013. Cette exposition, organisée par l’Association Zinzolin de Caen et la Galerie 175 de Dozulé, présentait le travail de Keiko ARAI (Tokyo), de Haruko KATAYAMA (Tokyo), de Chikako YOKOYAMA (Tokyo), d’Hamid TIBOUCHI (Paris) et de DARIUS. La vidéo, filmée entre Caen et Tokyo, est un montage sur les pratiques de l’encre et du papier des participants à cette exposition.

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Thème par Anders Norén