Crédit photographique (photo à la une) : Claude Boisnard.
Extrait du catalogue de l’exposition au Sépulcre – 2017 :
“Boîte ouverte : Les pavés de l’église sont généralement très beaux, que ce soit ceux du choeur, beige clair, ou ceux du reste du bâtiment, gris anthracite foncé. Après avoir réalisé ce que nous appellons la forêt, je me suis lancé avec la même technique mais sur des rouleaux de toile de verre plus larges.
J’ai adapté mon atelier, avec un système de cables et de fils coulissants, pour pouvoir réaliser des encres aussi longues que les rouleaux. Je peux maintenir suspendues, dans le vide et horizontalement, des encres fraîchement travaillées, évitant ainsi les coulures verticales qui, dans d’autres situations, peuvent être recherchées.
La première encre réalisée, de la longueur de mes tables, a été posée par terre en attendant de s’en occuper. La transparence de la toile donnait accès aux imperfections du sol, mélangeant dans une continuité étonnante les arabesques et les volutes de l’encre avec le travail du temps et de l’usure des pavés, témoins de plusieurs siècles du passage de l’homme. L’encre avait trouvé sa place. Antoine proposa alors, sur le ton de la boutade, de suspendre en vis-à-vis une deuxième encre du même style qui n’existait pas. Ce que, finalement, nous fîmes, renvoyant ainsi le spectateur à se pencher dans une boîte sans cloison, lui permettant de s’immerger dans l’encre. Cette deuxième encre fut faite entre le début de l’installation et avant le vernissage, nous faisant comprendre à quel point ce fut un luxe de pouvoir disposer de temps pour mettre en place une telle exposition.
L’effet obtenu correspondait très bien à ce que nous avions imaginé. Au sol nous pouvions observer le travail du temps, alors qu’en levant la tête et en se déplaçant, il s’agissait d’une balade dans les méandres de la rencontre entre l’encre, la lumière et la matière. La dite matière est en fait des bâtonnets de verre, en vrac, non tissés et parfaitement adaptés pour conduire la lumière à travers des chemins pour le moins surprenants. On peut faire une analogie avec le travail des vitraux, tels qu’il en existe dans l’édifice, qui transforment la lumière, la déforment, voire l’interprêtent.
Nous retrouverons ce phénomène dans d’autres installations de l’exposition (la forêt, les encres flottantes…).”
Le travail de l’encre sur la toile de verre intissée…
Expositions dans l’église Saint-Nicolas à Caen en juillet 2019.
Une série réalisée sur de la toile de verre intissée, épaisse.