Darius

peintre-encrier

brou de noix

Ces séries ont été réalisées avec une proximité, flirtant avec la mixité, entre l’encre et le brou de noix. Plusieurs techniques allient ces deux médias. L’idée étant toujours que l’un enrichisse l’autre et réciproquement, évitant tout mélange qui détruirait la personnalité de chacun.


Série Rêve


Série Miroir

Cette série se compose d’encres réalisées en miroir les unes des autres convoquant l’alchimie des liquides et du papier pour nous offrir un résultat étonnant. Sous l’effet d’une chimie des papiers et des encres, le brou de noix devient jaune dans son double, tandis que l’encre noire frise avec un vieillissement lui donnant une teinte grisée.


Série Double

Série « double » dans laquelle le papier sulfurisé sculpte des matières directement dans le liquide.


Série Masques


Série Organique

Cette série introduit l’encre de Chine rouge, comme troisième larron dans cette alchimie des liquides. Le fond est réalisé à l’huile noire. Les différences de viscosité des trois liquides autorisent une interaction remarquable servie par le relief intime du papier.


Série Danse

Pour cette pièce, j’ai utilisé la technique mixte c.-à-d. encre de chine, brou de noix et huile. Ici il ne s’agit que d’un seul travail que j’ai coupé en quatre parties et que j’ai recomposées pour la présentation. J’ai également appliqué, dans une gestuelle énergique, une grande surface de peinture à l’huile en surcouche, sorte de palimpseste pictural, où deux écritures plastiques se superposent.
Ce travail rassemble pour moi deux aspects fondamentaux de l’encre, dualité d’un rapport microscopique/macroscopique qu’entretient ce médium. Le premier plan propose une vision formelle directement accessible en découvrant l’ensemble, alors que l’arrière-plan s’inscrit dans le détail et nécessite ou provoque un rapprochement du visiteur. Cette concomitance signe cette dualité particulièrement prégnante avec l’encre.


Série Monde fantastique


La technique, je devrais dire les techniques, utilisées sont assez délicates. Plusieurs facteurs rentrent en jeu. Comme souvent avec l’encre étirée, il faut travailler vite, à cause de son temps de séchage très court (quelques secondes). Mais ici s’ajoute une autre dimension, un autre principe, que l’on retrouve dans l’aquarelle ou la peinture traditionnelle japonaise1. C’est l’idée d’utiliser un liquide comme vecteur de diffusion d’un autre liquide, sur un support, en général, absorbant. On mouille le papier préalablement avec de l’eau, pénétrant ainsi ses ramifications. Ensuite on applique l’encre ou l’aquarelle 1 La technique Tarashikomi, inventée par Tawaraya Sōtatsu, propre à l’école Sōtatsu-Kōrin, propose un effet très spécial de lavis obtenu par application d’une couche de couleur sur une autre encore humide, avec un pinceau, qui naturellement chemine à travers le papier en développant des nuances de tonalités aussi infinies que subtiles. Un travail direct au pinceau sur des parties sèches permet alors de rehausser des zones ou des contours. L’encre n’ayant pas la même fluidité que l’eau lorsqu’elle n’est pas diluée, cela lui permettra de rester plus à la surface du papier, marquant ainsi des traces d’une grande densité. C’est le jeu de ces contrastes et la maîtrise du geste/dessin, mais aussi de la retenue de la diffusion de l’encre, qui fait tout le charme et l’intérêt du travail du peintre.
Dans le cas des grandes encres, je travaille sur du papier couché, c.-à-d. lisse, mais pas brillant pour préserver une accroche à l’encre. Elle doit y glisser tout en laissant sa trace. La transposition ici de la technique de diffusion, revient à utiliser deux liquides simultanément, qui n’ont pas la même viscosité. Contrairement à l’encre et l’eau, où l’eau est au service de l’encre pour sa diffusion, nous utilisons ici l’encre et le brou de noix (aspect doré) dans un rôle symétrique, à égalité de traitement. Il faut faire en sorte que l’un attire l’autre et réciproquement, tout en évitant le mélange. C’est ma soupe de légumes sans le mixeur. Le brou de noix et l’encre s’interpénètrent tout en gardant leur spécificité. Le choix de la taille des morceaux, comme pour la soupe, est un facteur important dans le résultat final. Ce travail nécessitant beaucoup de matières liquides, et tout se jouant à la surface du papier, il ne peut être fait qu’à plat. J’utilise donc le relief naturel du papier, créant ainsi ces bulles aussi énigmatiques que lumineuses, qui révèlent la topologie intime (cols et vallées) du papier. Une fois le centre du tableau sec (encre et brou de noix), je recouvre de peinture à l’huile noire le pourtour du tableau, me permettant si besoin de modifier son contour. Cette dernière phase n’est pas évidente. L’objectif est de créer une matité aussi régulière
que possible, rappelant le velours, qui aura pour rôle de mettre en avant le centre du tableau, en opposition avec la brillance de l’encre concentrée s’y trouvant. Ce travail s’apparente à celui des laques chinoises, qui procèdent par un très grand nombre de couches successives très étirées. Ici il faut faire de nombreuses couches successives en attendant un certain niveau de séchage adéquat, entre deux passages, moyennant quoi on évite la brillance naturelle de l’huile.
Le travail avec le brou de noix illumine littéralement les tableaux de l’intérieur à tel point qu’une simple lampe artificielle est préférable à une lumière naturelle puissante.
Cette série renvoie à des formes primitives (rond et carré) qui éveillent toutes sortes d’interprétations.
On peut voir la coupe d’un arbre fossilisé ou non, des oeuvres primitives, des pièces précieuses, des racines dans la terre, la terre dans le cosmos. Les bulles dorées pourraient évoquer des formes cellulaires sublimées…
En s’approchant, des détails évocateurs surgissent et donnent libre cours à notre imaginaire. Sans comprendre comment cela peut être fait, on se laisse aller à la rêverie.


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1 Commentaire

  1. campos 17 décembre 2021

    Je passe une soirée à me balader dans le site.
    Lendemain matin, je marche dans une forêt. Les flaques, les feuilles rousses luisant au soleil… Je suis dans le brou de noix du peintre.
    Flanc nord des troncs d’arbre. Noir épais. Je suis dans ses encres.
    Je m’arrête dans une prairie pour une forme de tai chi. Je suis les silhouettes de son pinceau. Le bougre ! Il est allé porter ses traces d’encre, de peinture, de brou de noix, partout où respire la vie !
    Manuelle Campos

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