Darius

peintre-encrier

préface st-Rémy – 2018

Étalée au doigt, à la plume, au pinceau, à la raclette, au balai, en vagues, en tourbillons, l’encre se déploie, se déplie de mille façons.


La lumière
L’encre fait la part belle au papier laissé en réserve.
Un espace de pure lumière qu’on pourrait croire vide et silencieux sans ces formes sombres qui se déploient dessus. Et lui donnent vie. La matière-encre en pénétrant au coeur du support, en s’insinuant dans la profondeur du matériau rend visible le supportpapier dans sa matérialité, sa texture, sa chair, sa blancheur.
L’encre – noire – révèle la lumière. Elle montre autant ce qu’elle est (une figure) que ce qu’elle n’est pas (le fond sur lequel vient la figure).


L’ombre
La lumière a besoin de l’ombre.
De l’ombre qui façonne les formes, les inscrit avec précision dans l’espace, les laisse flotter sans attaches ou les fait disparaître. Pourtant même quand le noir recouvre tout, il existe toujours une lumière ténue, qui émerge des profondeurs du support-papier et se fraie un chemin vers la surface.
L’encre permet de voir au loin et de très près.
Le mouvement des ombres créé par le geste détériore, transforme l’inscription. Elle n’est plus seulement elle-même – une forme exacte, définie, nette. Mais porte des éléments de dépassement : arrières-plans, résurgences, évanescences, béances, superpositions, apparitions, disparitions…
Grâce à eux, la lumière fait surgir ce qui se cache derrière. Dans la profondeur des noirs et les traces des gestes, l’espace fini de l’oeuvre dévoile le début d’un au-delà du visible.


Ombre et lumière dialoguent constamment.
Dans l’encre, la matière n’est pas une fin en soi, juste un moyen de les faire naître.


Jean-Yves Lepetit

© 2024 Darius

Thème par Anders Norén