Darius

peintre-encrier

Noir et bas-reliefs

J’ai créé une nouvelle installation type à l’occasion de l’exposition au 102-Ter à Caen en avril 2023 que j’appelle « Noir et bas-reliefs ». L’idée est venue progressivement en écho à mes « forêts », comme une sorte de contrepoint symétrique et complémentaire, le blanc et le noir, le yin et yang…

Depuis longtemps déjà j’explore comment le noir capte la lumière pour mieux nous la révéler au travers du prisme du relief. Il joue quasiment le rôle de révélateur, au sens photographique du terme, dans un aller-retour étonnant. Le procédé photographique argentique permettait de capturer la lumière en empêchant les sels d’argent de noircir par inversion de l’image capturée, via le négatif. Ici c’est le relief, voire le bas-relief, dans le noir absolu, qui capture la lumière. Il devient localement blanc, avec la capacité étonnante d’intégrer l’angle de vision du spectateur dans cette révélation qui s’avère changeante. Le spectateur devient acteur de la révélation de la lumière par le noir, ouvrant des perspectives formidables pour des installations.

Cette propriété étonnante décuple les propositions qui permettent d’ouvrir le champ de manoeuvre du spectateur dans son implication dans l’existence d’une oeuvre. C’est l’une des raisons principales qui m’a conduit à faire de grandes installations, au moins à l’échelle du spectateur, afin qu’il puisse y jouer son rôle pleinement. C’est une métaphore « réelle » et tangible de l’idée selon laquelle l’oeuvre est déterminée aussi par ceux qui la regardent.

Cette propriété était déjà visible à petite échelle, mais, de part ses dimensions réduites, elle limitait le rôle du spectateur.

Assiette d’encrage.

Algues complètement imbibées d’encre noire dans le pot à encrage.

Photo d’une algue utilisée pour encrer et déposée, comme un bas-relief, sur une feuille froissée entièrement recouverte d’encre noire.

Détail de bas-relief sur papier kraft froissé.

Détail de bas-relief sur papier washi.


102 Ter à Caen (2023)

L’exposition au 102 Ter, bd Leroy à Caen, était l’acte I d’une proposition en deux temps, dont le deuxième temps (acte II) a eu lieu à cancan galerie à Villedieu-les-Poêles, intitulée Kaiso-e, ou peindre avec l’algue. Cette proposition est le résultat d’une rencontre étonnante entre l’encre et les algues sous toutes leurs formes. A l’instar du gyotaku , l’art japonais de l’empreinte de poisson, l’algue possède, quand elle est encore « vivante », la capacité merveilleuse de rétention de l’encre, lui conférant un statut de pinceau…

En contrepoint à une forêt « sous-marine » qui était installée dans l’exposition, un mur d’encre noire (4.5 x 4.5 m) proposait une lecture des bas-reliefs et des algues, utilisées dans les travaux exposés, grâce à une lumière rasante provenant de l’immense baie vitrée orientée au nord.

Voici quelques détails de cette installation


© 2024 Darius

Thème par Anders Norén