Darius

peintre-encrier

forêt

La « forêt », ma « forêt » telle que je l’ai pensée et réalisée, est une installation protéiforme, ludique, qui incite à la rêverie et au lâcher prise. A l’image d’une forêt d’arbres, où chacun d’eux semble investir l’espace de façon anarchique, mes arbres sont comme des kakémonos suspendus à une vaste toile d’araignée, épousant le relief qui s’offre à eux. Chaque encre est suspendue par un axe central qui lui permet de tourner sur elle-même au moindre souffle d’air ou rencontre fortuite avec un spectateur rêveur. Rien ne les retient au sol, donnant libre court aux mouvements les plus ténus comme aux plus amples.

En septembre 2016 j’ai eu la chance de pouvoir visiter au Kanagawa Arts Theater de Yokohama l’exposition « The locked room » de l’artiste japonaise Chiharu Shiota. J’ai beaucoup aimé ce travail constitué d’un nombre incalculable de ficelles rouges nouées entre elles et reliées du sol au plafond pour former une immense toile d’araignée au milieu de laquelle les visiteurs pouvaient se promener en totale immersion. C’est précisément ce côté immersif qui m’a beaucoup plu et que j’ai souhaité reproduire dans cette exposition du Sépulcre. Paradoxalement en traversant l’œuvre nous nous retrouvions physiquement ailleurs, hors du bâtiment qui l’abritait. On retrouve cette sensation avec la littérature à la différence qu’ici c’est une sensation sensorielle et non purement intellectuelle.

C’est à la suite de cette exposition que j’ai réalisé ma première forêt en 2017 au Sépulcre à Caen. Cela allait devenir récurrent dans mon travail exposé.

Cette première forêt, avec ses quelques quarante-cinq arbres-encre, réalisés sur de la toile de verre transparente, suspendus en leur centre, comme des kakemonos, permettait aux visiteurs de s’y frayer un chemin et d’avoir ainsi la sensation de sortir de l’exposition et du bâtiment. Ce sentiment d’évasion était renforcé par le léger mouvement des encres-arbre, conjugué avec les effets de lumière et de transparence en provenance des vitraux inondés par les rayons du soleil. J’ai réalisé des vidéos en plan fixe, témoins de cette téléportation sensorielle. Ces vidéos nous montrent avec une grande acuité toute la richesse et la complexité de l’installation. Le léger souffle, traversant en continu la forêt, rebondit sur chaque arbre avec des effets de rotation de l’encre autour de son axe central, mais aussi de balancement qui se conjuguent. Le déplacement d’un arbre provoque/agit sur celui, concomitant, de ses voisins. Il en découle un ballet d’une lenteur apaisante dont la chorégraphie, bien que très difficilement compréhensible, n’en est pas moins très perceptible, car elle met en place des motifs récurrents.
En approchant les bords extérieurs de la forêt, la transparence des encres-arbre permettait de découvrir le reste de l’exposition.

Un autre élément remarquable des forêts est qu’elles ont de l’effet sur tous les publics, des plus jeunes aux plus âgés. J’ai pu le constater à de nombreuses reprises comme ce fut le cas en 2020 à l’école Louis Aragon de Giberville (14), en 2022 à l’école Odette du Puigaudeau à Dakhla au Maroc ou encore dans mes expositions classiques.


Cancan galerie, Villedieu-les-Poêles (2023)

La forêt, relativement modeste, a souligné les volumes de la galerie en marquant la différence de niveaux existant dans la pièce principale.


102 Ter à Caen (2023)

Les arbres, d’environ quatre mètres de haut pour la plupart, reliaient les deux niveaux, permettant une vision de la forêt d’en bas, mais aussi d’en haut.


Ecole Odette du Puigaudeau à Dakhla au Maroc (2022)

La forêt était installée dans le hall central de l’école, au carrefour de couloirs distribuant l’accès aux classes. Des pseudo chemins étaient en place pour favoriser la circulation des enfants.


Ecole primaire Louis Aragon à Giberville (2020)


Eglise Saint-Nicolas à Caen (2019)

Cette forêt se composait de plus de 240 arbres entre 1,80m et 4m de haut et 25 ou 50cm de large.


Centre culturel les Fosses d’enfer à Saint-Rémy-sur-Orne (2018)


Le Sépulcre à Caen (2017)


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